Ne
nous plaignons pas, car une partie de ces jeunes porteront le
niveau général un peu plus haut et saurons brillamment faire
honneur au savoir que les anciens nous ont laissé. Cependant, parmi tous ces
magiciens, certains ne sont pas vraiment artistes.
Comme
le dit Salvano, la magie n’est pas un Art, c’est le magicien
qui en fait un Art ! Je le rejoins tout à fait dans cette
remarque, si vous êtes artiste, vous serez un bon magicien, sinon
votre numéro ou pire, votre spectacle ne produira aucun effet agréable
sur le public ! C’est ainsi que nous assistons à des
spectacles insolites réalisés par des chasseurs de cachets dont
le sens artistique n’est pas à la hauteur de ce que
l’organisateur pourrait en attendre ! Ajoutons-y le fait
que certains déclarent et d’autres pas, que certains demandent
une pièce et d’autres travaillent bénévolement et c’est le
désordre le plus complet au travers duquel un organisateur ne
sait plus qui croire ! Parlons des intermittents également.
Ils perçoivent des Assedic une somme mensuelle confortable qui
pourrait se schématiser par la demande suivante : « Bonjour
monsieur, je suis intermittent, je viendrai travailler 43 jours
dans votre entreprise dans l’année, en contre partie de quoi
vous aurez l’amabilité de me verser mensuellement une somme
minimum qui subviendra à mes besoins indispensables ».
Le vrai magicien professionnel, qui lui n’est pas subventionné,
est bien en peine aujourd’hui de tirer son épingle du jeu. Les
vrais professionnels sont minoritaires et ne sont plus représentatifs
de leur corporation.
C’est
ainsi que notre activité n’est pas considérée comme un véritable
métier, mais comme un hobby, un simple passe-temps ! Nous
n’avons pas su établir des règles pour autoriser un magicien
à faire usage de ce titre et à l’utiliser comme tel. Nous
n’avons pas su nous structurer de manière professionnelle pour
que notre activité soit reconnue comme un vrai métier, en étant
valorisé par un temps de formation et d’apprentissage avec des
diplômes officiels et différents grades reconnus par notre base
sociale. Qu’avons-nous fait de la Chambre syndicale qu’avait
créée Georges Méliès ? Quel autre corps de métier
supporterait un tel laisser-aller ? Nous avons certainement
le moyen de faire
entrer à la magie dans
la liste des métiers et de mettre en place une véritable
structure de formation permanente avec le concours de l’Éducation
Nationale. Imaginez une seconde la crédibilité qu’auraient les
magiciens si ils étaient reconnus et diplômés par la société.
Regardez tous ces jeunes qui nous rejoignent, ne sont-ils pas
suffisamment représentatifs de cette demande croissante ?
Regardez en parallèle le fonctionnement informel de nos
associations dont la fragilité est plus qu’évidente !
Nous
sommes allés au bout de nos possibilités avec toutes ces
associations qui aujourd’hui se meurent graduellement et ne sont
plus en mesure
d’apporter une solution face à la demande de la jeunesse. Devrons-nous
attendre que la situation se dégrade d’avantage encore pour que
les choses bougent enfin ou nous satisferons-nous en continuant à
considérer la magie comme un passe-temps voué inexorablement à
l’usure ? L’avenir nous le dira…
Didier
Laurini